
Thèmes : Réglementation / Stress test / ALM
Dans le cadre du dispositif de supervision bancaire, les exercices de stress tests font partie intégrante du processus d’évaluation du pilier 2 (SREP). Ils permettent à l’Autorité Bancaire Européenne (EBA), en partenariat avec leurs homologues nationaux (ACPR en France), de déterminer le montant du P2G (« Pillar 2 capital Guidance »), coussin de capital supplémentaire spécifique à chaque banque. Ce dernier ayant pour objet d’absorber les pertes potentielles résultant spécifiquement des tests de résistance (le test outlier de l’IRRBB rentre aussi dans ce cadre).
Une cinquantaine de banques en Europe est concernée, représentant environ 70% du secteur. En France les groupes suivants sont ainsi concernés :
BNP Paribas
Confédération Nationale du Crédit Mutuel
Groupe BPCE
Groupe Crédit Agricole
HSBC France
La Banque Postale
Société générale S.A.
Chaque année la thématique du stress test varie et ne concerne pas toujours les mêmes experts au sein des organisations.
Tests de résistance sur les fonds propres et les revenus, sur le risque de taux global et sur le risque de liquidité s’enchainent
Préambule
Ces exercices de stress test étant définis en langue anglaise, nous avons choisi, dans la suite de cet article, de référencer l’acronyme en anglais pour une meilleure correspondance avec le texte règlementaire, et de lui adjoindre sa traduction française.
Thématiques des stress tests
Ces stress tests ont été conduits en Europe tous les 2 ans sur la dernière décennie, et plus récemment tous les ans avec en alternance des :
1. Stress test de la résilience des banques en termes de niveaux de fonds propres et de revenus sur 3 ans. Le dernier exercice mené à son terme date de 2018. L’ensemble est mesuré dans deux scénarios :
Scénario macroéconomique dit « baseline » ou scénario de base
Scénario macroéconomique dit « adverse » dans un environnement stressé
2. Stress test ad-hoc sur les risques de liquidité ou de taux global :
Le dernier stress test sur le risque de liquidité, réalisé en 2019, a permis de mesurer, dans le cadre de scénarios spécifiques, deux indicateurs clés : la « survival period » soit le moment où la réserve de liquidité devient insuffisante pour couvrir les flux nets sortants du bilan et du hors-bilan et le « cliff effect » soit l’écart entre les positions nettes de liquidité aux jours 30 et 35, sensé capter les stratégies d’optimisation du LCR que pourraient mener les établissements.
Le dernier stress test sur le risque de taux global, réalisé en 2017, a permis de mesurer la variation de la valeur économique des éléments du portefeuille bancaire et des projections de marge nette d’intérêts, dans 6 scénarios différents de chocs de taux d’intérêt normalisés, en tenant compte de l’impact des modèles comportementaux des clients définis par les banques.
Exercice 2021
Le dernier stress test de mesure de la résilience des banques en termes de niveaux de fonds propres et de revenus sur 3 ans a démarré début 2020 mais a été interrompu en mars en raison de la crise sanitaire, pour être remis à 2021.
L'exercice démarre donc fin janvier 2021
Les livrables se font de manière échelonnée en quatre remises : fin mars, mi-mai, fin juin et mi-juillet, suivies d’une première publication des résultats par l’EBA fin juillet. S’y ajoute une étape préliminaire début mars, visant à remettre les données du point de départ, appelé « starting point » (voir infra).
Par rapport à l’exercice annulé en 2020, le stress test 2021[1] a été enrichi de manière à :
Intégrer les données des PGE et des moratoires afin de mesurer l’impact de la crise du COVID sur le niveau des ratios de fonds propres des banques (trois onglets dédiés),
Intégrer les données détaillées des projections d’encours non performants.
Le principe de l’exercice est de projeter un bilan constant sur 3 ans (2021, 2022, 2023), en renouvelant chaque encours à maturité sur la base de caractéristiques similaires et en maintenant la répartition des encours métiers.
[1] Dernières versions des documentations et templates disponibles au lien suivant : https://www.eba.europa.eu/risk-analysis-and-data/eu-wide-stress-testing
Mais la première difficulté réside dans le peuplement des données relatives au point de départ du stress (le « starting point »).
Le bilan et les données de risque, de résultat et de fonds propres au 31/12/2020 doivent être parfaitement alignés avec le FINREP et le COREP, eux-mêmes finalisés le 12 février 2021.
Enjeux sur le volet Marge Nette d'intérêt
Les projections de marge nette d’intérêt des onglets NII (Net Interest Income, ou MNI en français) constituent un volet très proche des travaux habituels de l’ALM, en excluant toutefois certains effets que l’ALM aurait naturellement intégrés (notamment les comportements clientèle et les moratoires accordés durant la crise sanitaire) mais en intégrant un principe connu de décomposition des taux des opérations (taux sans risque, dit « taux de référence », versus marge).
Ces projections de marge nette d’intérêt doivent être réalisées sous un nombre important de règles et de contraintes rendant l’exercice particulièrement complexe (en termes de classifications, d’encours, de taux de référence et de marge) et doivent aussi intégrer les revenus d’intérêt des produits de marché (en juste valeur) appelés « Net Trading Income ». S’ajoutent à ces règles et contraintes un grand nombre de contrôles de cohérence sur les différents résultats.
L’exercice, sur le volet NII, est donc délicat et nécessite une expertise spécifique ainsi qu’une coordination parfaite avec les autres protagonistes intervenant sur le stress test (équipes FINREP et risques notamment) afin de garantir la cohérence avec le point d’ancrage bilanciel et les données d’expositions non performantes.
Il relève du marathon quant à sa préparation et se termine par un véritable sprint entre le 12 février (date de finalisation des FINREP et COREP) et le 5 mars, date de remise des données du starting point (données au 31/12/2020).
Sur ce volet NII, il faut donc effectuer la revue à 360° des résultats du stress test 2021 en :
S’assurant de la cohérence avec les FINREP et COREP
Mettant en place, en avance de phase, un dispositif de respect des différentes contraintes sur les données projetées dans les scénarios baseline et adverse
Validant la cohérence globale des résultats finaux dans chaque scénario

ESTER peut vous assister dans la mise en place de ce dispositif. N’hésitez pas à nous contacter.